Le Bon Marché et Nona Source : les secrets d'un partenariat durable

Rencontres
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Publié le 30 octobre 2023


C'est avant tout l'histoire d'une rencontre. Celle de Clément, coordinateur pour les collections Le Bon Marché Rive Gauche et Balthazar, et Marie, co-fondatrice de Nona Source, première plateforme en ligne de revente de matières d’exception provenant des Maisons de Mode & Maroquinerie du Groupe LVMH. Grâce à ces tissus revalorisés par Nona Source, les équipe du Bon Marché imaginent des pièces intemporelles et de très haute qualité, pour le grand plaisir de nos clients et clientes.


La Gazette les a rencontrés. Lumière sur les enjeux multiples de ce partenariat, qui prône l'économie circulaire.


© Le Bon Marché Rive Gauche


Rendez-vous sur le site de Nona Source pour plus d’informations www.nonasource.com.

La Gazette : Parlez-nous de votre rencontre. Comment s’est-elle passée ? 


Clément : J’ai rencontré Marie par l’intermédiaire de Juliette, l'acheteuse qui travaille sur la collection Mode Femme du Bon Marché. Nous sommes allés voir le showroom, pour découvrir l’équipe et les tissus. Le coup de cœur a été immédiat. Nous avons fait partie des premiers clients de Nona Source.




Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce partenariat ?


Clément : Pour l'humain, avant tout. Puis, parce que nous avons une volonté commune de donner une seconde vie à ces tissus non utilisés par ces grandes Maisons et récupérés par Nona Source. On voulait créer de belles pièces pour les collections du Bon Marché, aussi bien chez l'Homme avec Balthazar que chez la Femme, avec Le Bon Marché Rive Gauche.


Marie : On était très heureux, parce que le Bon Marché correspond parfaitement à notre cible aspirationnelle. Nona Source fait partie du groupe LVMH et s’adresse à tous les talents de la Mode et du Design. Il est indéniable que la mobilisation des Maisons du groupe, à l'instar du Bon Marché, nous a confortés dans l'idée que nous pouvions réaliser de très belles choses.

Marie, quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés lors de la création de Nona Source ?


Marie : Le premier défi a été de porter notre idée, de convaincre le groupe de la pertinence de notre solution et de notre business model, avec un impact positif sur l’environnement. Le deuxième défi a été de monter la structure logistique et en parallèle la plateforme digitale en quelques mois, avec un premier stock d’une Maison avant de passer à l’échelle avec toutes les Maisons du groupe. 




Comment travaillez-vous ?


Marie : Dans un premier temps, Nona Source collecte les rouleaux dans les entrepôts des Maisons, les expertise et les qualifie. Tout est anonymisé avant la mise en ligne. Nous avons également travaillé le rendu digital pour retranscrire de manière la plus fidèle possible le « touch&feel » des étoffes. Comment donner envie, comment mettre en évidence la beauté de ces matières et inspirer nos clients ? Un vrai défi.


Clément : Le site est très bien fait. Il y a des vidéos, qui permettent de voir la fluidité de la matière en mouvement et le tombé. On a toutes les informations : le prix, le grammage et la matière. Si on ne peut pas se rendre au showroom directement, le site permet donc de faire un choix puisque tout est mentionné. 



« On œuvre à partir de choses existantes pour les ennoblir, les faire vivre et qu’elles collent à l’ADN de nos collections. »

– Clément, coordinateur pour les collections Le Bon Marché Rive Gauche et Balthazar

Clément, en quoi l'engagement de Nona Source vers une mode plus responsable correspond aux valeurs du Bon Marché ?


Clément : Quand Nona Source voit le jour, la plateforme s'adresse plutôt aux créateurs de jeunes Maisons avec de faibles quantités. On peut considérer que nos marques Le Bon Marché Rive Gauche et Balthazar, sont des « jeunes créateurs ». Nous produisons en petite quantité, 30 à 50 pièces maximum. Notre volonté a toujours été de créer des collections en série limitée pour garder un aspect exclusif et éviter, ainsi, de surproduire. La collaboration avec Nona Source est dans la même continuité, mais avec un aspect vertueux en plus, en mettant à disposition ces matières exceptionnelles inutilisées. Les équipes du Bon Marché s’affairent pour redonner vie à « ces belles endormies » en les transformant en une pièce intemporelle de la garde-robe du quotidien et lui rendre toute sa désirabilité.


Marie : Clément a très bien résumé. Ce partenariat est une transmission de belles choses. C’est la clé. 




Quel est le processus de création ?


Clément : Pour notre collection Mode Femme, nous partons toujours des tissus Nona Source, afin de créer la gamme de couleurs, qui sera déclinée sur notre future collection. Nous avons environ sept histoires, soit sept ambiances, styles et couleurs. En fonction des tendances, des coloris et de nos envies, on crée ainsi des vestiaires distincts pour chaque histoire. Comme Nona Source propose principalement des tissus unis ou faux unis, nous travaillons en parallèle avec d’autres tisseurs pour ajouter des imprimés à nos collections et les dynamiser. Dans la collection été 2024, nous avons par exemple un très joli imprimé toile de Jouy d’inspiration indienne que nous avons recolorié dans les tons roses et violets. L’objectif ? Pouvoir coordonner les pièces avec les tissus sélectionnés chez Nona Source et créer, ainsi, une cohérence et une harmonie au global. Le travail de coloration de nos imprimés est donc primordial. Cela nous permet d’œuvrer à partir de choses existantes pour les ennoblir, les faire vivre et qu’elles collent à l’ADN de nos collections.


Marie : C’est un vrai parti pris créatif. Les matières existent déjà, certes, mais à côté de cela tout l’effort est demandé aux développeurs et aux créatifs. Parce qu’on recrée du beau à partir de l'existant et c’est ça la circularité créative.

« Chez Nona Source, il y a de très belles couleurs, il y a une réelle signature ce qui offre un supplément d’âme aux pièces. »

– Marie, co-fondatrice de Nona Source

Comment choisissez-vous les tissus ?

 

Clément : Nous maintenons la cohérence avec l'ADN des collections du Bon Marché, tout en offrant des pièces intemporelles. Dans un premier temps, on regarde la qualité des matières et les couleurs, il faut aussi que ça plaise ! On a aussi des critères de poids et de composition. Pour un manteau, il y aura des poids plus lourds, 400g voire plus sur des draps de laine par exemple, alors que pour une chemise il est préférable d'avoir un tissu léger.


Marie : Oui et la fluidité du tissu peut aussi inspirer le dernier détail auquel, initialement, on n’avait pas pensé. C'est tout le savoir-faire des designers de révéler le potentiel de chaque étoffe.

Quel est l’ADN de ce vestiaire et que transmet-il ?


Marie : Nous sommes au cœur du changement opéré par de nombreuses marques, qui privilégient les « deadstock* » au réapprovisionnement. C’est un effort de s’engager dans l’économie circulaire. Il faut inverser le processus créatif en partant du tissu existant, c'est un parti pris fort qui challenge les processus habituels de l'industrie de la mode. Notre première motivation est d’encourager le réemploi, en facilitant l’accès de stocks dormants de qualité. Nous nous mettons également au service des talents créatifs, pour continuer à faire rêver les clients. C’est une histoire de transmission : les belles étoffes des Maisons de luxe trouvent une deuxième vie, et ce sont de nouveaux produits désirables qui naissent, c’est un nouveau cycle. 


*stock inutilisé

Clément : Oui, c’est tout à fait ça, c’est l’idée d’éco-conception. De réfléchir avant la conception du produit sur ce qu’on veut faire et comment. On pense aussi à la fin de vie du produit. Par exemple, on essaie de faire très peu de mélange de matières pour que le produit soit recyclable et plus durable dans le temps.

Enfin, pouvez-vous nous dire ce qui vous fait le plus plaisir ?

 

Clément : Quand les clients nous disent que la qualité et les couleurs sont sublimes après avoir vu les matières. Cela se voit au premier coup d’œil.


Marie : Exactement. Ils pourront ensuite constater la qualité des fibres dans le temps, et le succès de ces nouvelles créations est un signe fort qu’un changement est possible dans la mode. C’est très positif !