L’interview-café de Nicolas Morschl, fondateur de Bonsoirs
Publié le 16 décembre 2025
L’interview-café est un rendez-vous de La Gazette du Bon Marché Rive Gauche. Et par « rendez-vous », on veut dire qu’il est à la fois digital et physique — un moment partagé en magasin, que l’on vous raconte ici.
Un café, un rire qui résonne, un pull orange qui illumine le coin d’une table. C’est ainsi que Nicolas Morschl nous retrouve pour cette rencontre à La Table, au Bon Marché. À l’image de sa marque, il parle avec décontraction et une forme singulière de sincérité. Celle de ceux qui ont construit quelque chose avec passion et intuition.
Bonsoirs, c’est son histoire. Autour d’un espresso, il nous raconte l’origine du projet, la recherche du drap parfait, et l’émotion de voir Bonsoirs s’installer au cœur du Bon Marché, dans un décor pensé comme une maison où l’on entre… et où l’on a très envie de rester.
Rencontre
La Gazette : Bonjour Nicolas. Ravie de partager un café à quelques pas de l’espace éphémère que Bonsoirs signe pour les fêtes. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Nicolas Morschl : C’est un moment fort. Quand j’ai créé Bonsoirs, je ne pensais pas forcément « grand magasin » ou « institution parisienne » ; je pensais d’abord au produit, à ce que je ne trouvais pas ailleurs. Alors voir notre univers exposé ici, au Bon Marché, c’est une forme de reconnaissance. J’ai grandi avec cette image du Bon Marché : un lieu où le beau rencontre le savoir-faire. Y être présent est un bel accomplissement.
— Nicolas commande un café. Il porte un pull rouge, vibrant. Quelques viennoiseries sont disposées au centre de la table. La conversation se poursuit.
La Gazette : Créativité et qualité : ces deux mots résument bien l’aventure Bonsoirs.
Nicolas Morschl : Oui, c’est exactement ça. La créativité, parce qu’au fond Bonsoirs est né de l’envie de proposer quelque chose de différent, d’un peu plus vivant et personnel. On réfléchit beaucoup aux couleurs, aux détails, aux associations. On essaie d’imaginer ce qui donnera envie de rentrer chez soi, de se sentir bien. Et la qualité… c’est essentiel. Nous ne faisons aucun compromis là-dessus. Les matières, les tissages, les finitions : tout compte.
La Gazette : Avec Bonsoirs, vous avez voulu créer ce que vous ne trouviez pas sur le marché. Racontez-nous vos débuts.
Nicolas Morschl : C’est exact. Bonsoirs est née de cette situation que beaucoup connaissent : un déménagement, une envie de renouveler son linge de lit… et le constat que l’offre était soit trop traditionnelle, soit trop haut de gamme sans vraie singularité. J’avais envie d’un juste milieu : du linge de lit que l’on choisit avec plaisir, accessible mais très qualitatif, un peu comme l’hôtel à la maison, avec un peu plus de décontraction. Puis, naturellement, le linge s’est ouvert à l’univers plus large de la maison : le linge de bain, la décoration, la chambre des enfants, les senteurs, les rideaux. Tout ce qui fait la maison — mais une maison qui évolue, qui vit ! Et finalement, le fait de ne pas venir du linge de maison m’a beaucoup aidé : cela m’a permis de tester, d’oser, d’avancer avec une forme d’innocence créative.
— Le fondateur ajoute qu’à ses débuts, le fait qu’il ne soit pas un expert du linge de maison a finalement été très formateur. Une certaine innocence qui a laissé et laisse encore toute sa place aux prises de risque, aux pas de côté, aux expériences.
La Gazette : Vous avez investi tous les recoins de la maison en somme.
Nicolas Morschl : Dès le début, j'ai voulu remettre du plaisir dans l'achat d'un produit qui, à première vue, ne soulève pas les foules. Et surtout redonner de la valeur à ces gestes simples du quotidien : se glisser dans ses draps, attraper sa serviette après une douche… Mon père est architecte, et je crois qu’il y avait en moi quelque chose qui sommeillait, latent, et qui s’est révélé avec Bonsoirs. Le design et la maison ont toujours nourri nos discussions familiales, donc Bonsoirs porte forcément quelque chose d’intime. Nous avons commencé en digital, mais comme nos produits procurent une vraie sensation, ouvrir des espaces physiques est vite devenu évident pour permettre aux gens de toucher, comparer, ressentir. Se faire conseiller aussi. Nos clients sont — et ont toujours été — au centre de tout.
« Ce pop-up symbolise un lieu où l’on se sent bien dès qu’on y entre : c’est tout l’esprit Bonsoirs condensé dans un seul espace. »
- Nicolas Morschl
— Côté inspiration, c’est en ouvrant les yeux sur le monde que la marque grandit : un voyage, une balade, un lieu, un hôtel, une brocante, un tissu. Une multitude de signaux différents qui s’enjoignent pour créer ce quelque chose de frais, de confortable, d’exigeant, de twisté, de Bonsoirs.
La Gazette : D’ailleurs, vous incluez régulièrement vos clients dans vos décisions.
Nicolas Morschl : Pour moi, cela ne servirait à rien de créer des pièces qui ne sont pas alignées aux attentes de mes clients. Alors, mes équipes et moi, nous sondons souvent leurs avis, leur goût, leurs envies. Les nouveautés et les rééditions sont quotidiennes ; les différentes équipes travaillent ensemble, et mettent en avant nos singularités. Ce qui fait peut-être partie un peu de surprenant pour nos clients, mais que l'on assume totalement. Bonsoirs a toujours été une marque qui inclut une part de folie et du monde, une universalité. C’est aussi pour cela que l’on aime proposer une diversité de pièces. Chaque personne peut y trouver son compte.
La Gazette : Cela participe probablement à votre capacité à prendre position exactement au moment où votre produit se fait attendre. C’est le parti pris dont vous parliez tout à l’heure.
Nicolas Morschl : Nous avons voulu bousculer un marché historiquement traditionnel avec quelque chose dans l'air du temps, de spontané en y insufflant nos propres codes. Être au bon endroit sans forcément y être attendu nous ressemble plutôt bien, oui.
— Nicolas complète son propos en nous confiant que cette envie de spontanéité est pleinement partagée par son équipe. « Amusez-vous » est un mantra qu’il aime répéter aux passionnés et talents qui travaillent à ses côtés.
La Gazette : En ce moment, on peut découvrir, sur votre espace, la collaboration imaginée avec Paul & Joe. C’est d’ailleurs une belle preuve de créativité, n’est-ce pas ?
Nicolas Morschl : : Cette collaboration a commencé par une rencontre et un amour commun pour le linge de maison et l’amour des matières. Nous nous sommes inspirés des histoires de la marque du 19e siècle en France, pour y trouver des inspirations de l’époque, afin d’y puiser, mais aussi des références et détails rétros aux archives de la marque. Il s’agit de la plus douce des collections que nous avons créée jusqu’ici avec un soin particulier pour le choix des matières : bordures, doublures, arabesques volantes.
La Gazette : Pour les fêtes, vous avez imaginé coffrets cadeaux et autres attentions à offrir. Est-ce que cet aspect de partage est important pour vous ?
Nicolas Morschl : Nos coffrets ont toujours été présents dans l’histoire de Bonsoirs. Nous concevons des coffrets cadeaux, bordons de nombreuses pièces, dont les peignoirs de bain, le linge de lit. Un mot, une initiale et tout est joué. Beaucoup de nos clients aiment l’idée d’offrir la marque à leur proche. C’est aussi un personnel qui devient plus inspirant à partager une expérience unique.
La Gazette : Avant de nous quitter, une dernière question. Bonsoirs a aujourd’hui 8 ans. Où vous voyez-vous dans les 8 prochaines années ?
Nicolas Morschl : Je suis tous les jours émerveillé par notre évolution. Sincèrement. Nous passons des moments uniques, une très belle dynamique interne, notre communauté grandit, nos produits et collections s’affinent, se précisent. Sans trop en dévoiler, je peux vous dire que de très jolies et belles surprises arrivent !