Les nouvelles voix de femme de cette rentrée littéraire
Parmi les 490 romans parus en cette rentrée littéraire, Le Bon Marché Rive Gauche fait une place de choix aux nouvelles voix de femme. Plongez dans l’écriture à la fois intime et puissante de Claire Baglin, Maria Larrea, Laura Poggioli, trois autrices qui dévoilent leurs premiers romans. À l’approche des jours frileux et des lectures dominicales, découvrez la sélection de nos libraires à placer sur votre table de chevet.
En salle, de Claire Baglin
En salle de Claire Baglin (paru aux Éditions de Minuit) est un roman composé d’allers-retours entre le présent d'une jeune femme employée dans un fast-food et son enfance.
L'histoire : la narratrice grandit au sein d’une famille modeste. Pour elle, les vacances au camping ou une sortie au fast-food revêtent un caractère festif et exceptionnel. Dix ans plus tard, la petite fille devenue adulte est embauchée dans l'un de ces fast-food et découvre l'envers du décor.
L’avis de Carole, libraire au Bon Marché Rive Gauche : Claire Baglin fait alterner deux récits. Le premier dépeint une enfance populaire avec la figure d’un père ayant passé sa vie à l’usine et une mère au foyer. Le second est peut-être la règle non écrite : la description de la reproduction sociale avec la place qui échoit. Une place sous la lumière crue et artificielle d’un fast-food. Elle décrit le caractère répétitif que peuvent avoir les tâches accomplies, la chaleur, la soumission, le stress des commandes et l’enfer « en salle ». Dans un style très sec, nous suivons le quotidien qui possède et aliène avec son lot de désillusions.
C. Baglin
© 2022 Éditions de Minuit
Trois sœurs, de Laura Poggioli
Trois sœurs de Laura Poggioli (paru aux Éditions Iconoclastes) dresse le tableau de la Russie d’aujourd’hui à travers une narration poignante sur la condition des femmes.
L’histoire : Lors d'un fait divers tragique survenu en Russie en 2018, Angelina, Maria et Krestina, trois soeurs de dix-sept, dix-huit et dix-neuf ans, assassinent leur père maltraitant. Partant de cette histoire, Laura Poggioli, passionnée par la culture et le charme brut de ce pays où elle a elle-même vécu, dénonce les violences faites aux femmes. Au fur et à mesure que l’autrice reconstitue la vie de ces trois sœurs, c’est son passé personnel qui ressurgit.
L’avis de Caroline, libraire au Bon Marché Rive Gauche : « S'il te bat, c'est qu'il t'aime », dit un proverbe russe qui illustre parfaitement l’enfer dans lequel ont vécu les trois sœurs du titre, avant d’abattre sauvagement leur père un soir d’été. Livrant le récit de ce fait divers, Laura Poggioli y mêle habilement sa propre histoire, celle d’une jeune étudiante française fraîchement débarquée dans un pays dont la culture et la langue la fascinent. L’autrice donne corps aux personnages du drame qui a inspiré l’écriture de ce premier roman passionnant, ainsi qu’à ses souvenirs personnels, et livre un texte sensible et sobre. En choisissant de faire dialoguer sa propre histoire avec celle de ces trois soeurs, elle nous éclaire sur une réalité qui fait douloureusement écho à la situation actuelle, celle d’une violence systémique en Russie, vue ici sous le prisme des violences faites aux femmes.
L. Poggioli
© 2022 Éditions Iconoclastes
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, de Maria Larrea
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent (paru aux Éditions Grasset) est un roman autobiographique où Maria Larrea explore son histoire familiale et nous replonge dans l’Espagne de Franco.
L’histoire : L’histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille et la laisse aux sœurs d’un couvent. Ces enfants sont le père et la mère de Maria, la narratrice. Au fil des pages, elle reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction.
L’avis de Julie, libraire au Bon Marché Rive Gauche : Ce premier roman plein de force au style incisif nous plonge dans la quête identitaire de la narratrice, qui, à l’âge adulte, apprend fortuitement que ses parents l’ont adoptée. De cette nouvelle bouleversante, l’autrice tire un récit qui embrasse deux temporalités : celle du présent de la narration et celle de l’Espagne franquiste. Au fil des pages, ce roman maîtrisé invite à se questionner sur la façon dont naissent les secrets de famille. Leurs transmissions invisibles et la place qu’ils prennent insidieusement dans la construction de notre identité.
M. Larrea
© 2022 Éditions Grasset