L’interview-café de Fatoumata Gaye de Vaulchier

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L’interview-café de Fatoumata Gaye de Vaulchier, designer : “ma décoration est un pont entre l’Europe et l’Afrique”.


L’interview-café est un rendez-vous mensuel de La Gazette du Bon Marché. Et par “rendez-vous”, on veut dire qu’il est à la fois digital et physique — un moment partagé en magasin, que l’on vous raconte ici.

 

Ce mois de mai 2022, rendez-vous est pris au 2e étage chez Rose Bakery, avec la créatrice Fatoumata Gaye de Vaulchier, fondatrice du label déco De Gayier.


Rendez-vous à l'Espace Maison, au dessus de La Grande Epicerie de Paris pour découvrir les pièces De Gayier.

Rencontre !

Bonjour Fatoumata, ravie de vous rencontrer !

Moi aussi, contente d’avoir pu caler ce rendez-vous malgré le rythme très intense en ce moment. J’ai l’impression de courir partout, tout le temps !

 

— À peine assise, Fatoumata commande un jus pressé. Un mélange tonique de gingembre, de carottes et de pommes. Elle le sirote après s’être installée. On peut commencer.

 

Fatoumata, vous pouvez vous présenter ?


Je suis la créatrice de De Gayier. Une marque de décoration qui propose des objets issus de l’artisanat africain. J’insiste sur le mot “issus” car il ne s’agit pas de simples inspirations. Les objets sont fabriqués sur place selon des techniques traditionnelles.

Le lancement de De Gayier correspond à une prise de conscience personnelle. Racontez-nous.

J’ai travaillé durant plusieurs années dans les télécoms. Au retour de mon congé maternité, j’ai dû changer de poste et j’ai perdu en responsabilité. Une situation injuste et difficile à vivre que malheureusement, beaucoup de professionnelles connaissent. D’autant plus frustrant que j’ai toujours eu de l'ambition ! Au bout d’un an, j’ai vécu un “ bore-out”, dans la même lignée que le “burn-out”, sauf que c’est un épuisement mental causé par un profond ennui. J’ai alors pris une décision radicale : celle de changer de vie et de lancer ma propre boîte. Après cette mauvaise expérience, j’ai ressenti le besoin de défendre certaines valeurs et de les placer au cœur de mon projet.

 


Pourquoi choisir la décoration ?

Ce goût me vient de ma mère. Elle tenait une boutique de décoration au Sénégal, le pays dans lequel je suis née et où j’ai grandi jusqu’à mes 17 ans. J’ai toujours été entourée de beaux objets. Ça a éduqué mon œil.

 

— En prononçant le mot “Sénégal”, Fatoumata affiche un large sourire. Entre deux gorgées, elle avoue avoir aussi lancé De Gayier pour retourner plus régulièrement en Afrique.


Avec quels pays africains travaillez-vous ?


Principalement avec le Sénégal où l’on trouve de la céramique de qualité ainsi qu’un beau mobilier en bois. J’ai aussi noué des liens avec des artisans au Ghana car ils ont un savoir-faire extraordinaire. Ils travaillent un type de roseau que l’on trouve uniquement en Afrique de l’ouest et avec lequel nous fabriquons nos paniers.

Les objets sont fabriqués sur place selon des techniques traditionnelles.

Fatoumata Gaye de Vaulchier

En quoi est-ce important de valoriser ces savoir-faire dans votre marque ?

Je souhaite les mettre en lumière. Ce sont des savoir-faire ancestraux, portés par d’anciennes générations. Il est nécessaire de les faire perdurer en donnant régulièrement du travail aux artisans. Il m’importait aussi de créer des emplois locaux. D’une manière tout à fait modeste, je contribue à améliorer le niveau de vie des gens.

 

Comment apportez-vous un twist européen à vos produits ?


Grâce à mon expérience de Parisienne ! Je vis dans la capitale depuis plusieurs années. J’apporte un certain raffinement au design des pièces que nous imaginons. Mon œil de “bobo” m’aide aussi à bien sélectionner les produits finis que nous achetons auprès des artisans.

Quels sont les produits phares de la marque ?

Le panier multicolore Kaya. Il est à l’origine de notre collaboration avec Sézane, grâce à laquelle nous avons eu très vite une belle visibilité. Les petits tabourets en bois, taillés en une seule pièce dans un tronc d’arbre, marchent aussi très bien.

 

Vous soutenez l’association Xaleyi qui œuvre pour l’éducation des enfants sénégalais. Ancrer votre projet dans une action solidaire a toujours été une évidence pour vous ?


Oui, j’avais envie qu’il ait du sens. Je suis très sensible au but poursuivi par cette association. Pour moi, l’éducation est à la base de tout. Elle permet de s’élever socialement lorsque l’on vient de milieux modestes. Et d’éveiller sa conscience sur des questions cruciales comme la défense de l’environnement.

Après Sézane, d’autres capsules sont-elles prévues ?

Notre céramique est déjà présente dans plusieurs points de vente de Sessùn Alma. C’est une vraie fierté pour moi. Je suis très excitée car il y a d’autres collaborations en cours. Mais je ne peux pas encore les dévoiler. Stay tuned !

 

 — Sur ces mots, Fatoumata Gaye de Vaulchier se lève, vide d’un trait la fin de son jus et file à un autre rendez-vous pour préparer les prochaines surprises que nous réserve De Gayier.