Les célèbres escaliers du Bon Marché en cinq questions clés

Art & Culture
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Publié le 5 juillet 2023


Vous élever d'étage en étage : telle est la mission des mythiques escalators du Bon Marché Rive Gauche. Autrefois escaliers majestueux, ils ont été modernisés au fil du temps pour finalement devenir les escalators emblématiques d'aujourd'hui. Au-delà de leur fonction première, ils sont devenus un élément de décor à part entière, signature visuelle du grand magasin. Voici tout ce que vous avez toujours voulu savoir.


Andrée Putman © Adagp Paris, 2023

Quand ont-ils été construits ?

Flash-back. Nous sommes en 1852. Entre la rue du Bac et la rue de Sèvres, Aristide et Marguerite Boucicaut prennent la direction du premier grand magasin parisien : Au Bon Marché. Lorsque des parcelles avoisinantes se libèrent, le couple les rachète pour agrandir leur commerce côté rue de Sèvres. Entre 1869 et 1872, des travaux sont confiés à l’architecte Alexandre Laplanche afin d’harmoniser les deux bâtiments. L’idée de construire des « escaliers à double révolution », comme mentionné dans Au Bonheur des Dames, d’Émile Zola publié en 1883, aurait ainsi émergé durant cette période. Leur fonction ? Pallier à la différence de hauteur des deux édifices et rendre accessibles les demi-étages où sont installées les galeries. Leur style ? Magistral. Ces bijoux architecturaux vont naturellement s’imposer comme l’un des emblèmes phares du Bon Marché.


L'escalier central du Bon Marché, 1880

© Bibliothèque Nationale de France

Où sont-ils situés ?

Vue intérieure du Bon Marché, 1875, gravure publiée dans Le Monde Illustré © Patrimoine Le Bon Marché Rive Gauche


Si plusieurs escaliers existent au Bon Marché, notamment sur les côtés Rue du Bac et Rue de Babylone, les plus emblématiques et majestueux sont installés en plein cœur du magasin, dans le vaste hall d’entrée, qui offre une vue sur l’ensemble des galeries marchandes. Avec leur forme sculpturale, les escaliers accrochent le regard dès que l’on s’engage dans Le Bon Marché, et font naître une irrésistible envie : celle de les emprunter pour s’aventurer dans les étages.

L'escalator central de nos jours, Le Bon Marché Rive Gauche, Andrée Putman © Adagp Paris, 2023

Pourquoi cette forme ?

Le choix d’un double escalier aussi nommé « escaliers croisés » n’est pas dû au hasard : ils fluidifient la circulation. L’accès aux étages — par la rampe de droite ou par celle de gauche — permet d’éviter l’encombrement. La double distribution incite aussi à se déplacer facilement d’un point à l’autre du magasin, et à découvrir l’ensemble des allées. Ici, tout est pensé pour rendre la déambulation agréable et transformer les flâneries en véritables balades. Plus qu’un simple commerce, Le Bon Marché est une destination où l’on peut voir… et être vu, partout.


Andrée Putman © Adagp Paris, 2023

Comment ont-ils évolué ?

L'escalator central de nos jours, Le Bon Marché Rive Gauche, Andrée Putman © Adagp Paris, 2023

Loin d’être figée, cette œuvre architecturale va évoluer avec son temps. Les courbes vont petit à petit s’effacer pour laisser place à une forme plus rectiligne, en adéquation avec l’esthétique des années 1930. Le point d’orgue de sa transformation a lieu en 1989. Le Bon Marché confie alors à l’architecte Andrée Putman la mission de la réinventer en escalators. L’icône du design s’inspire du motif des verrières historiques du magasin et recouvre les escalators de carreaux aux lignes épurées. De quoi annoncer, de manière très esthétique, le début d’une nouvelle ère.

Verrière centrale de nos jours

© Le Bon Marché Rive Gauche

Quelle dimension artistique ont-ils aujourd’hui ?

Régulièrement, Le Bon Marché invite à porter un autre regard sur ces éléments devenus iconiques. Au cœur de la scénographie des expositions et de la carte blanche donnée chaque année à un artiste contemporain, ils se transforment au gré des imaginaires. En un nœud gordien pour l’artiste argentin Leandro Erlich (Sous le soleil — 2018). En Valkyrie immaculée nommée Simone, pour l'artiste portugaise Joana Vasconcelos (Branco Luz — 2019). En cible géante criblée de flèches pour l'artiste française Prune Nourry (L’amazone érogène — 2021). Des installations impressionnantes qui perpétuent la vocation des escalators : celle d’éveiller, toujours et sans cesse, la curiosité.


Leandro Erlich, Noeud mécanique, 2018

Joana Vasconcelos, Simone, 2019 © Adagp Paris, 2023


Prune Nourry, L'Amazone Erogène, 2021 © Adagp Paris, 2023