Le jeu des 5 ressemblances : Le Bon Marché et le roman « Au Bonheur des dames »

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Vous l’avez souvent entendu : Emile Zola s’est inspiré de plusieurs grands magasins, dont Le Bon Marché Rive Gauche, pour écrire son célèbre roman Au Bonheur des dames. Quels éléments du 24 rue de Sèvres retrouve-t-on dans l’ouvrage ? La Gazette s’est penchée sur les (précieux) travaux préparatoires de l’auteur — conservés à la Bibliothèque Nationale de France — et a pisté les ressemblances. Un jeu de miroir étonnant, à découvrir avec notre théâtre immersif « Au Bonheur des dames », qui rouvre ses portes.


3, 2, 1 : cherchez !

1 — Cherchez… du côté de l’architecture


L’inspiration : Grandiose et impressionnante, la structure métallique fait partie des éléments qui sautent aux yeux quand on pénètre dans Le Bon Marché. Aux commandes de ce décor ? Les Ateliers Moisant, qui ont œuvré de 1870 à 1879 pour créer l’ossature de 8000 tonnes. Sans oublier (l’honorable) Gustave Eiffel, qui procéda aux travaux de l'une des verrières en 1879.

 

La réinvention par Émile Zola : L’auteur a lui aussi été frappé par la construction du bâtiment, lors de ses visites au Bon Marché en 1882. Dans le chapitre IX de son livre, il compare le magasin à une « cathédrale du commerce moderne ». Tout est dit.



© Archives Le Bon Marché Rive Gauche

2 — Cherchez… du côté des personnages

© Portrait de Marguerite Boucicaut par William Bouguereau, 1875 







L’inspiration : Ce n’est pas un hasard si Marguerite Boucicaut est souvent citée parmi les femmes inspirantes. D’origine modeste, elle se rend à Paris pour travailler en tant que blanchisseuse. C’est dans la rue du Bac qu’elle fera la rencontre d’Aristide Boucicaut, et qu’ensemble ils mèneront l’aventure du Bon Marché.

 

La réinvention par Émile Zola : Il ne faut pas chercher bien loin la ressemblance entre Denise, le personnage principal d’Au Bonheur des dames et la propriétaire du Bon Marché. Toutes deux ont connu une ascension sociale fulgurante. Deux destins de femmes hors normes.

© Le Bon Marché Rive Gauche

3 — Cherchez… du côté de l’agencement du magasin


L’inspiration : Aujourd’hui, cela nous semblerait original. Mais à son ouverture, le rez-de-chaussée du Bon Marché ne s’organise pas par thématique. Les rideaux côtoient alors les lainages ; les chaussures jouxtent la mercerie et les parures. Le but ? Inciter le public à circuler d’un comptoir à l’autre.

 

La réinvention par Émile Zola : L’auteur a utilisé sa plume pour croquer Le Bon Marché. Les plans, qu’il dessine lors de ses visites, lui ont en partie servi à imaginer l’agencement physique du magasin Au Bonheur des dames. Il liste notamment dans son ouvrage les 36 comptoirs différents répartis sur trois niveaux.



Vue intérieure du Bon Marché © Archives Le Bon Marché Rive Gauche

4 — Cherchez… du côté des événements

Vue intérieure du Bon Marché, vers 1880 © Archives Le Bon Marché Rive Gauche






L’inspiration : Du blanc à tous les étages, vendu à des prix attractifs en début d'année. C’est la bonne idée qu’a eue Aristide Boucicaut en 1873 pour mettre en scène la marchandise et créer un nouvel évènement dans le calendrier commercial de son grand magasin. Depuis, chaque année, le mois du blanc est un rendez-vous incontournable pour les fidèles du Bon Marché.


La réinvention par Émile Zola : Le dernier chapitre du livre fait une description très complète du mois du blanc. L’auteur y raconte la manière dont la couleur, immaculée, habille tout l’espace du magasin.


Depuis 2016, le mois du blanc est également un rendez-vous artistique. Chaque année, un artiste contemporain est l'invité du grand magasin pour présenter ses créations originales spécialement imaginées pour Le Bon Marché.

© Vue de l'exposition "Branco Luz" par Joana Vasconcelos, 2019

5 — Cherchez… du côté du personnel


L’inspiration : Progressistes. C’est ainsi que pourraient être qualifiés Marguerite et Aristide Boucicaud. Sous l’influence de sa femme — qui n’oubliera jamais le milieu dont elle est issue — l’entrepreneur imagine un ensemble d’avantages pour le personnel, dont une Caisse de Prévoyance, la gratuité des repas et des cours du soir.

 

La réinvention par Émile Zola : Dans son ouvrage, l’auteur porte un fin regard sur les conditions sociales des employés. Il décrit les moments de sociabilité qu’ils partagent dans la salle de jeux et de détente, telle qu’elle existait au Bon Marché, les chambres des employés, les repas du personnel, les dimanches passés au bord de la Marne, ou encore les relations d'amour et d'amitié, qui font du Bonheur des dames une vraie petite société. 



Répétition de l'harmonie du Bon Marché pour un concert donné en magasin, 1887 © Archives Le Bon Marché Rive Gauche