Les 5 confessions créatives de Sophie Bille Brahe

Rencontres
Rencontres

Publié le 27 octobre 2025


Lancée en 2011, sa marque éponyme a bravé les remous des mers baltiques et du Nord pour conquérir Paris, Londres, New York. Partout, les créations sensibles de Sophie Bille Brahe repoussent l’idée que l’on se faisait de la joaillerie.


Le téléphone n’a pas sonné deux fois qu’elle décroche déjà. Sophie Bille Brahe semble être toujours prête. Au bout du fil, une voix lumineuse, calme, ancrée : « Je reviens d’une longue marche en forêt ». À cette période de l’année, dans les environs de Copenhague où elle est installée, l’entrepreneuse et créatrice se repaît de « l’air craquant et des derniers rayons de soleil laissés par l’été ». Elle a de la chance : « je nage tous les jours et aujourd’hui, j’ai pu le faire sans craindre la pluie ». Nous nous installons. En tête-à-tête avec La Gazette, l’heure est venue pour Sophie Bille Brahe de révéler ses confessions.


©Sophie Bille Brahe

DE LA LUMIÈRE

« Copenhague est une ville coincée entre l’eau et au ciel. C’est d’ailleurs ce que l’on ressent dans mes pièces, je crois : la légèreté de l’air, le bleu de l’eau et du ciel. Des nuances changeantes, insaisissables. Je ne travaille qu’avec de l’or, des diamants et des perles. Ces matériaux sont ceux qui reflètent le mieux le monde et sa beauté. Je dis d’ailleurs souvent que les diamants sont des étoiles, et que je joue avec. »

DE LA LIBERTÉ

« Très jeune, mes parents me laissaient peindre sur les murs de l’appartement que nous occupions. À table, je pouvais aussi dessiner à côté de mon assiette. Chez nous, la créativité a toujours été une valeur clé. Ma plus jeune fille, qui a cinq ans, est comme moi. Elle dessine partout. Maintenant que je suis maman, je réalise que ce n’est pas si simple de laisser ses enfants grandir librement, tout en posant un cadre. Il faut travailler sur soi pour ne pas vouloir les protéger de tout. Mais moi qui ai eu cette chance, je veille à la transmettre. »

DE LA POÉSIE

« J’ai grandi entourée de porcelaine chinoise, de meubles anciens. Tout ce qui m’entourait avait une histoire. J’ai notamment le souvenir de ces fleurs ramenées de Chine par un aïeul, dans le jardin familial, qui fleurissaient chaque année, pourtant en elles tant de souvenirs. Mon père, qui était chirurgien, était un poète dans l’âme. Je me souviens de lui qui me dit : « regarde Sophie, aujourd’hui, une fleur est en train d’éclore dans le jardin — allons la voir ensemble ». Cette façon de voir la poésie autour de soi, en toute chose, a façonné celle que je suis aujourd’hui. »

DES OBJETS-TOTEMS

« Chacune de mes collections est étroitement liée à ma vie personnelle. Comme un journal intime que personne ne pourrait décrypter. Mes créations me permettent de remettre de l’ordre dans mes souvenirs, de fixer mes émotions. Les perles, par exemple, correspondent au moment où je venais de donner naissance à mon fils. Et une perle, pour moi, c’est comme avoir un enfant. Il y a ce quelque chose de plus grand que nous, de magie puissante de la nature. Le bébé grandit comme une perle dans sa coquille, en secret. J’ai donc commencé à travailler les perles, moi qui ne travaillais jusqu’alors que le diamant. Idem pour mes variations Grand Ocean : j’ai imaginé une graduation de diamants qui parcourent le doigt, comme un frisson. Je l’ai dessinée la veille de la mort de mon père, il y a 7 ans. »

DES RENCONTRES

« Je suis inspirée par la nature, par le fait de tomber amoureuse, par un choc esthétique au musée, par un beau bâtiment… Et notamment par ceux de Paris, avec leurs lignes régulières, leurs arrangements stricts. J’ai même l’impression qu’ils pourraient parler. Lors de mes visites dans la capitale, une fois par saison environ, je me rends toujours au Bon Marché. Pour moi, ce lieu est l’épitome du luxe. J’y découvre toujours quelque chose de nouveau. Y être représentée compte beaucoup pour moi. »